
Sa grande particularité était de proposer des séries et récits complets réalistes d’aventure de très grande qualité issus pour la plupart d'Argentine, grand pays de BD s'il en est, via les éditions Record : la plupart, étaient parus dans les hebdomadaires italiens Lanciostory et Skorpio des éditions Eura Editoriale en Italie, pays proche de l'Argentine, notamment depuis qu'un fameux groupe, le groupe de Venise partit à la conquête de cette lointaine contrée juste après la seconde guerre mondiale, Hugo Pratt en tête...
Cette série relate les aventures d’un gentilhomme du sud Ron Warlock dit « San Francisco », mondain ruiné par la guerre de sécession qui ne doit la vie sauve qu’à sa lâcheté. Sa rencontre avec le pistolero Brett Yancy qui lui apprend à se servir d’une arme et à surmonter sa peur va bouleverser le cours de son existence. Désormais, cet aristocrate élégant qui n’avait jamais touché une arme à feu de sa vie va devenir l’un des plus grands pistoleros de l’ouest. Durant les premiers épisodes de la série, il vit quelques aventures en solo, en quête de rédemption, puis rapidement, il s’adjoint un acolyte : le rusé Gilé (Chaleco dans la version originale) un Indien Navajo qui deviendra rapidement son ami en dépit de leurs incessantes chamailleries. Viendront bientôt se greffer au duo Lola, la mexicaine « au regard fier et passionné », compagne de Gilé puis Polly Dugan, une jolie photographe écossaise, au caractère bien trempé, « l’amoureuse » de Warlock. Ce groupe improbable va désormais parcourir l’ouest à bord d’un chariot et vivre des aventures toujours très bien écrites car s’intéressant de près à l’âme humaine et à ses travers (jalousie, haine, lâcheté, etc.).
En France, cette bande a également été publiée, quelques années plus tard dans le petit format El Bravo (éditions Mon Journal) du n° 51 au 72 entre 1982 et 1985.
L’Homme de Richmond a été créé en 1975 pour la revue argentine Skorpio des éditions Record par Ray Collins sous le pseudo "américain" de Clarence Stam (pseudonyme d’Eugénio Zapietro) pour les textes et Ernesto Rudesindo Garcia Seijas pour les dessins et a été publié jusqu’en 1982 en Italie dans Lanciostory et Skorpio (l’alter ego italien de la revue argentine) de Eura Editoriale.
Autre série star de la revue, là encore, un western :
COBRA (El Cobra)
Cobra se présente sous la forme de récits complets mettant en scène Albert August Delan Phelps, dit El Cobra, pistolero solitaire et redresseur de torts, aux yeux d’acier. Eternellement en vadrouille, il croise sur sa route de jolies jeunes femmes (souvent veuves éplorées) qu’il abandonne invariablement à la fin de chaque récit avant de reprendre son chemin d’errance. Ce western réaliste et violent, au schéma classique et invariable (le héros arrive dans un nouvel endroit, il répare une injustice et s’en va à la fin même si on lui demande de rester) est en fait la nouvelle version d’une série des mêmes auteurs, Ray Collins pour le scénario et Arturo del Castillo pour le dessin, Garret le sauvage. Cette bande, créée en 1961 relatait les aventures d’un cavalier solitaire qui au contraire de Cobra poursuivait un but : se venger de ceux qui avaient massacré sa famille. Ce western (leur premier grand succès) fut le début d’une fructueuse collaboration doublée d’une longue amitié et pose par ailleurs les jalons de ce que seront la plupart des futures séries de del Castillo.
El Cobra a également été publié par les éditions Mon Journal sous le titre Le Crotale, dans Long Rifle entre 1983 et 1986 (n° 71 à 91 et 93 à 107) et dans La Route de l’Ouest du n° 147 au 151.

On notera les nombreuses et maladroites tentatives de camouflage de la nudité des personnages féminins...
Alors qu’il était shérif en poste d’une petite bourgade de l’ouest, Reno Reagan est pendu par des hommes encagoulés qui incendient son domicile provoquant ainsi la perte de son fils. Dès lors, faisant croire à sa mort, Reno Reagan, le pistolero taciturne entreprend de se venger des 33 lyncheurs les uns après les autres. Parcourant inlassablement l’ouest, accompagné du seul vieux Funny, venant parfois se cacher chez sa « veuve », il semble ne devoir jamais connaître la paix, ce qui fait dire à sa femme, que « Reno Reagan est mort. Cet
homme n’est que son ombre qui erre sans fin. ». Cette série assez sombre a été créée par Seijas pour les éditions Record et publiée dans Lanciostory de 1975 à 1976 mais n’est apparue que de façon sporadique dans la revue Karacal, peut-être à cause de sa noirceur.
On peut se demander si le thème exploité ici est inspiré du film de Ted Post Pendez les haut et court avec Clint Eastwood ?
ALAMO KID, lui se prend beaucoup moins au sérieux : c'est un agent fédéral, pistolero violent et raffiné, impitoyable et romantiqu e, amateur de femmes et de vodka glacée et de mouton aux ananas qui lutte contre le crime, dans un far west de violence et d’érotisme. La plupart du temps, il est entouré de Yuma la chanteuse de saloon et son fidèle Mandarin, un chinois, ou de Plume Noire l’indienne chef de tribu diplômée de Yale.
Cette bande, initialement publiée dans le magazine italien Lanciostory de 1975 à 1978 est scénarisée par Antonio « Antony » Mancuso et dessinée par Giuseppe Montanari puis par son assistant Vicenzo Monti.

KARACAL comprenait aussi des récits complets signés Enio ou Ivo Pavone.

L'aventure de KARACAL prit fin dès le numéros suivant mais c'était pour mieux renaître sous le nom de Super-West Poche, magazine dont je vous entretiendrais dans un prochain article...
Fabrice Castanet
Bibliographie : Pimpf n°6.
L'index complet de la revue est disponible ici : index
